miércoles, 10 de abril de 2019

Film "La chute de Montesinos"

C’est le 03 Novembre 2000, avec la fuite de Vladimiro Montesinos, que l’histoire de Ugaz commence. Ainsi le scandale politique a démarré et Fujimori devait se secouer. Vladimiro était recherché par la justice péruvienne pour avoir commis des délits et des crimes, notamment du trafic d'influence, trafic des armes, de l'usurpation de fonctions, détournement de fonds ainsi que pour la responsabilité de la disparition des étudiants (de l’université) en 1993. Mais, plus encore que par la justice, il était recherché par Fujimori. Quand nous écoutons l’histoire qui vient d’être présentée par Eduardo, nous pouvons nous demander : Vladimiro a-t-il pu commettre tous ces délits seul, ou a-t-il bénéficié du soutien d’un réseau ? Tout d’abord, le réseau criminel de Montesinos s’appuie sur le réseau déjà existant à l’intérieur des institutions publiques (auquel fait référence l’historien Quiroz dans son livre « l’histoire de la corruption au Pérou »). Mais Montesinos va plus loin : il va créer un réseau criminel afin de s’emparer du pouvoir dans le pays. De cette façon, Il crée ainsi un monde autour de lui, dans lequel se développe une activité criminelle qui aura une organisation structurée de type mafias ou cartels. Dans le film mais également dans la chronique de Dr. Ugaz, nous voyons les profils des personnes qui appartiennent à ce clan, notamment un candidat aux élections présidentielles (Fujimori) prêt à recevoir de l’argent qui venait de narcotrafiquants afin de financer sa campagne politique et le mener à la victoire. Cette information a été relevée par le frère du narcotrafiquant Escobar. De plus, le réseau était perçu comme intègre pour les hauts fonctionnaires de l’Etat, le commandant des forces armées, le président de la cour suprême, les partis politique, les hommes de justice, les grandes entreprises de médias (Notamment les frères Winter), les banques et des gouvernants locaux. Comme il voulait avoir un pouvoir absolu dans le système de justice, Montesinos avait installé des gens de confiance pour contrôler cette structure, plus précisément la branche du droit pénal car cela c’est l’unique qui priverait Montesinos de liberté. 18 ans plus tard, sans sortir de la frontière péruvienne, l’histoire se répète : la corruption structurelle s’installe cette fois dans le système judiciaire, nous voyons que la majorité des concernés étaient des juges, magistraux, procureurs, avocats etc. Une procureure découvre que l’organisation criminelle « las Castañuelas de Rich Port », (un groupe de narcotrafiquant) communiquait fréquemment avec des juges, très connus, comme par exemple Walter Rios, président de la Cour supérieure de Callao, et César Hinostroza, président de la deuxième Chambre transitoire de la cour Suprême. A partir de ce moment s’est produit une nouvelle vague d’indignation contre la corruption, le peuple manifestant à plusieurs reprises pour demander le changement des juges et des membres du Conseil National de la Magistrature (CNM). Nous avons vu de quoi ils étaient capables : offrir des réductions de peines aux criminels ou même les laisser libres, faire des demandes d’aides illicites aux autres juges, donner des pots-de-vin aux autres collègues pour les remercier des aides illicites fournies et faire pression pour faciliter la réussite de certains candidats aux concours publics dans la carrière de la magistrature. Nous pouvons constater que les antécédents en ce qui concerne les affaires de corruption dans les institutions publiques péruviennes sont nombreux, et ces dernières sont une réalité encore à l’heure actuelle. Nous pouvons ainsi citer le cas Odebrecht, affaire très récente de corruption des élus, de corruption privée et de macro corruption. Je vous propose de définir la corruption comme une trahison des mandataires vis-à-vis du peuple, quelque fois en collusion avec le mandant et dont le modus operandi sera la transgression de la norme afin d’atteindre un objectif particulier. Maintenant nous allons réfléchir à deux choses : d’un côté, comment les dispositifs normatifs de la lutte contre la corruption au Pérou ont été construits après tous les évènements Fujimontesinistes, et d’un autre côté, d’évoquer les explications de l’existence d’une légitimité de la corruption dans la société. D’après moi, ce film aide à préserver une mémoire quant aux évènements de corruption et également quant au manque de probité des autorités dans notre pays, mais aussi en même temps c’est un espoir car nous voyons des agents de la police, procureure juges que travaille de manière intègre. Le travail cinématographique d’Eduardo Guillot m’a rappelé le film Serpico réalisé par Sidney Lumet qui est un film qui montre la corruption américaine, et dans lequel le personnage principal est Frank Serpico, un agent qui travaille pour la police et qui voit autour de lui que ses propres collègues sont impliqués dans des cas de corruption. La police est ainsi gangrénée de corruption et en conséquence il se retrouve tout seul dans son combat. Au contraire et heureusement dans le film avec la chute de Montesinos nous verrons un procureur qui a eu des collègues avec les mêmes intentions de défendre le pays. Guillot et Lumet vont prendre la corruption comme concept afin de travailler une perception cinématographique de celle-ci. Une perception qui passe par la vision de l’espace, bien sur : la ville péruviens, les bureaux, les aéroports, etc., mais aussi les personnages. J’ai pu regarder d’autres travaux d’Eduardo Guillot, notamment le documentaire Liz Rojas, qui nous raconte l’histoire d’une jeune fille que l’Etat l’a arraché sa mère à cause de son statut de maître des écoles dans la ville d’Ayacucho, parce que à l’époque être prof était synonyme d’être en relation avec Sendero luminoso (sentier lumineux). On voit que vous avez un intérêt très marqué pour des contextes historiques difficiles, notamment dans votre façon de raconter le terrorisme et la corruption au Pérou. Pour finir, je voudrais dire que malheureusement la méthode criminelle des Vladimiro et Fujimori est valable dans la corruption actuelle et aussi puissant par rapport aux défenseurs de l’Etat.